vendredi 16 mars 2018

La mort attend à Samarcande

L'actualité de ces derniers jours (mars 2018) fait état de plusieurs patients morts en salle d'attente avant le premier contact médical (donc avant d'avoir vu un médecin mais a priori après avoir été trié par l’infirmière d'accueil) déclenchant l'inquiétude des patients. 
Plutôt que de hurler avec les loups sur la dangerosité des urgences ou de m'en servir comme cheval de bataille par opportuniste politique, je me suis demandé si on pouvait faire un état de la littérature comme dans le post précédent sur la morbi mortalité des patients qui attendaient une hospitalisation aux urgences APRES avoir vu le médecin. Je ne ferais pas non plus l'analyse des cas parus, n'ayant pas le don de double vue pour deviner le contenu des dossiers contrairement à la plupart des commentateurs journalistes, voire professionnels de santé, voire urgentistes (dont la plupart n'ont pas fait d'urgence dans un hôpital depuis fort longtemps).

Il est surprenant de constater qu'une recherche (rapide) sur Pubmed (le moteur de recherche des articles médicaux) ou sur google scholar (qui fait la même chose en intégrant de la littérature non référencée sur Pubmed ainsi que des documents scientifiques non publiés dans des revues) ne ramène rien, nada. Pourquoi, une prévalence trop faible ? En tous cas, pas une volonté de mettre ça sous le tapis vu les enquêtes systématiques qui suivent ce type d'accident.
Or le même type de recherche dans google donne un résultat complètement différent avec de nombreux articles de presse grand public. 
J'ai donc regardé les articles qui recherchaient les causes. Le plus souvent on a affaire à de la négligence et/ou une attente trop longue, mais vraiment longue (au delà de plusieurs heures) conduisant à la dégradation de patients. Il est probable que l'explication première est la saturation des urgences conduisant au retard de prise en charge.
Mais parfois il s'agit de patients qui ont attendu finalement assez peu ( du point de vue d'un urgentiste évidemment, environ 2 heures). 
La plupart de ces patients ont un point commun, leur état était rassurant à l'arrivée après le tri et ils se sont dégradés très rapidement pendant l'attente. La prise en charge n'a pas permis de les réanimer.

C'est là qu'on arrive aux limites du système. Il est difficile de dire si ces patients, pris en charge dès leur arrivée ne se seraient pas dégradés, auraient survécu (il aurait fallu savoir d'emblée de quoi ils souffraient et le degré d'urgence). Ce qui est sûr, c'est qu'il est impossible de voir tous les patients qui se présentent simultanément (vous n'avez qu'à imaginer votre hypermarché préféré un samedi; malgré de nombreuses caisses il y a la queue et faire passer un chariot même plein est quand même moins long qu'examiner un patient). Quelque soit la taille du service, le nombre de personnels, tout a des limites.
J'en vois qui disent que si déjà on renvoyait la bobologie, on aurait plus de temps. Mais cela nécessite donc de faire un tri, avec le risque de se tromper et de mettre de coté certains patients.
Certaines pathologies "bénignes" ORL par exemple peuvent révéler un abcès sous-jacent (l'abcès amygdalien dans l'angine par exemple) devant conduire à un geste chirurgical ou à une surveillance (que ce soit à l'hôpital ou dans les jours suivant).
Et puis parfois la mort t'attend à Samarcande.



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