samedi 20 octobre 2018

Formons ceux qui font tourner nos urgences ! (et non c'est pas la spécialité !)

Tous les urgentistes (dont moi) se réjouissent de la création de la spécialité de médecine d'urgence. C'est super et demain aux urgences et au SMUR nous auront des médecins hyper ultra bien formés (là normalement y a un emoji clin d'oeil mais je sais pas comment faire). 
Voilà.
Sauf qu'en ce moment en dehors des CHU (et encore...), on a un peu de mal à trouver des médecins. Du coup soit on prends des intérimaires qui coutent une blinde, soit on prend des médecins étrangers. Et c'est clair qu'ils coutent moins cher. Beaucoup moins chers. Beaucoup beaucoup moins cher. Et qu'ils travaillent plus. Et qu'ils demandent pas à faire du SMUR (de toutes façons ils peuvent pas).
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Faut être inscrit au conseil de l'ordre pour faire de l'hélico...ou avoir le brevet
Alors pour ceux qui savent pas comment ça se passe, je vais vous raconter (et je ne jette la pierre à personne, ayant beaucoup de médecins étrangers dans mon équipe). La plupart de nos médecins étrangers viennent soit d'Afrique (du Nord ou Sub-saharienne), soit du Moyen-Orient. Quand ils arrivent en France, ils ont en général terminé leur cursus et ont parfois de nombreuses années d'expérience mais pas forcément comme urgentiste (et parfois pas comme généraliste non plus) et  pas forcément au niveau attendu (ce n'est pas vrai pour tous). On les prend dans le service comme faisant fonction d'interne en attendant qu'ils passent l'épreuve de vérification des connaissances (procedure d'autorisation d'exercice) et ensuite on va pouvoir les payer comme praticien attaché pendant 3 ans (pas cher je vous rassure).
Du coup, il est nécessaire d'apporter une formation supplémentaire. 
Alors, cette formation existe. Elle s'appelle la capacité de médecine d'urgence et elle est dispensée dans deux facs (seulement). Cette formation est celle que la plupart des urgentistes de mon âge ont reçu. Et elle est censée avoir disparu depuis la création de la spécialité. Comme les facs ne peuvent pas accueillir tout le monde, il y a une sélection à l'entrée et qui dit sélection dit que les moins bons sont ceux qui ont le plus de mal à entrer. 
Sauf que vous vous retrouvez à éliminer des gens qui travaillent déjà dans des urgences, qui travaillent beaucoup, qui prennent énormément de gardes (parfois 8 à 10 par mois, et oui c'est trop) et qui devraient être formés, pour qu'ils soient en mesure d'apporter des soins de qualité française.

Mais me direz-vous? Pourquoi laisser ces médecins exercer si ils n'ont pas tout à fait le niveau. Ben c'est ça ou on ferme. Simplement. Vous voulez fermer les urgences à coté de chez vous ? Non. Vous voulez être soignés par des médecins dont le niveau n'est pas contrôlé? Non. Mais du coup, les meilleurs passent des examens (la CMU dure 2 ans) et les moins bons exercent sans rien passer ni être formés si il n'existe pas de formation dans leur service (où je le rappelle on a déjà du mal à trouver suffisamment de monde pour voir des patients).

Ben alors on n'a pas le choix et tant qu'on ne pourra pas remplir nos services d'urgences avec des médecins urgentistes super bien formés (et qui travaillent 39h par semaine ces feignasses), il faudra former des médecins qu'on est bien content d'avoir et donc leur permettre à tous de s'inscrire. Conduisons nous correctement envers nos patients et nos collègues et faisons en sorte qu'ils puissent continuer à se former et continuer leur carrière aux urgences.



dimanche 7 octobre 2018

Extra lucide ? Extra ordinaire? Non extra hospitalier

Aujourd'hui, je vais vous parler encore de l'extra hospitalier (souviens toi cher lecteur, j'avais déjà  trouvé une solution pour sauver le SAMU, ici, hélas personne ne m'a encore appelé). Alors afin que les choses soient claires, je n'y connais absolument rien et toute ressemblance avec un nom de produit, d'organisation ou de personne existant serait purement fortuite.
Si tu t’intéresse un peu au système de santé et à la médecine d'urgence, tu as peut-être entendu parler de l'existence de désaccords voir de différends entre les pompiers (les rouges) et les SAMU (les blancs, de plus en plus en jaune d'ailleurs). Le tout à coup de gentillesses, vidéos virales comparant un patron de SAMU à Hitler (je penchais plutôt pour Dark Vador), voire de campagne un peu moisie profitant de la mort d'une patiente en Alsace pour défoncer les régulations blanches.
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Mais me direz vous qu'est-ce qui fait la différence ? Les SAMU ont des régulations, les pompiers des centres de traitement de l'alerte qui parfois ont des médecins, parfois rebasculent sur les SAMU ( avec aussi des allers et retours). Par ailleurs historiquement les effecteurs (les gens qu'on envoie sur le terrain) du SAMU étaient des médecins anesthésistes d'abord et sont désormais urgentistes. Les pompiers envoient des secouristes, pompiers jeunes et qui se sont engagé pour combattre le feu (15 à 20% de leur activité en réalité). Les SAMU avaient été créés pour aller sur les accident de la voie publique mais il faut dire que notamment dans les zones urbanisés, ils vont plutôt sur des problèmes médicaux.

Par ailleurs, le choix entre effecteurs actuellement c'est soit secouriste donc le minimum (formé quelques semaines mais très peu chers et très musclés) soit médecin (donc le maximum et le plus cher) quand la plupart des pays ont opté pour des paramédicaux avec une formation de plusieurs années, ce que la France (et les blancs) a longtemps refusé. Bon, il y a quelques infirmiers pompiers qui se sont glissés dans l'interstice mais ce n'est pas une solution homogène et leur formation n'est pas définie non plus.

Par ailleurs, les chiffres des SAMU et pompiers ne sont pas connus notemment l'évaluation de leurs pratiques. Et quand y en a, ça donne les chiffres récemment publiés dans Le Point où les temps des décrochés des SAMU étaient... pas très bons (les SAMU ont démontré qu'ils étaient faux mais c'étaient eux qui les avaient fourni).
Le fait que beaucoup de monde y travaillait dans des conditions de travail souvent confortables pendant longtemps ont permis une surreprésentation des extra hospitaliers parmi les représentants des urgentistes. Les pompiers, ont eux toujours été proches des préfets dont ils dépendent. Ce monde est resté séparé de l'hôpital fort longtemps. Les pompiers par statut, les blancs parce que finalement entre le camion et la régulation, ils avaient de quoi s'occuper et soyons francs, c'étaient beaucoup moins fatiguant (et là j'entends déjà des cris d'orfraie).

De toutes façons, et c'est là que je veux en venir (ouf) , en fait beaucoup des patients pris en charge finissent aux urgences (oui je sais y a aussi la régulation libérale des médecins généralistes mais c'est suffisamment compliqué et long). C'est d'ailleurs ce que reprochent les blancs au 112 en disant : ouhlala vous allez voir, avec les pompiers ils vont tout vous pourrir vos urgences parce que nous on régule 'bof).




Une solution semble se profiler pour les régulations puisqu'il est possible qu'un numéro d'appel unique suivi d'une plateforme unique se profile sous le 112 (poussé à mort par les rouges). Sachant que les régulations SAMU et pompiers sont déjà débordées.

Peut-être est-il temps qu'on mette à plat ce système, ses couts, son évaluation, eenn tous cas, on ne peut pas continuer à avoir un système extra hospitalier qui finalement prend ses décisions, son organisation indépendamment du reste et d'une quelconque efficience (quid des camions, des hélicos etc etc). Il faut peut-être se dire, en paraphrasant Clemenceau que l'extra hospitalier , c'est une chose trop grave pour la confier aux extra-hospitaliers.





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Comme d'habitude, ce blog est l'expression de mes opinions personnelles, n'engage que moi et ça suffit déjà bien comme ça. ...