mardi 23 novembre 2021

Opus! I did it again! Je me represente aux élections de SAMU Urgences de France!

 

Alors tout le monde ne peut pas voter mais tout le monde peut lire ma profession de foi pour ma candidature aux élections de SUDF. Parce que oui, je le refais!

Chers collègues,

Peut-on continuer comme ça ? Peut-on continuer à défendre une médecine d’urgence qui perd peu à peu du terrain car elle reste recroquevillée sur une vision passéiste  et dans des guerres perdues d’avance. Bien sûr que la situation est difficile pour nos services d’urgence, nos SMUR et nos SAMU. Mais doit-on fermer les yeux sur nos responsabilités ?  Ne peut-on pas se poser la question sur ces guerres contre les pompiers qui ont mobilisé nos forces, sur cette défense absurde du tout ou du rien médicalisé, intenable et non adaptée aux besoins de la population ? Et demain nous recommencerons avec les acteurs du SAS ?  Doit-on fermer les yeux sur nos services d’urgences mal organisés ? Sur la place laissée à l’intérim ? Doit-on continuer à mépriser nous-même la « mine » des SAU ?

Et pourtant, nous avons su chaque jour de cette épidémie qui dure depuis bientôt 2 ans, montrer notre force et notre résilience, dans nos services d’urgences, nos SMUR et nos SAMU. Nous avons su nous réorganiser pour faire face et même monter des projets formidables comme les EVASAN par TGV d’abord mais aussi lors de l’opération hippocampe par avions transocéaniques  avec  professionnalisme, l’imagination et la débrouillardise qui caractérisent les urgentistes.

Moi je suis issu des urgences, la « mine » même si ma vocation a été déterminée par l’extrahospitalier. J’en suis fier ? Je suis fier du travail accompli chaque jour. Je suis fier de pouvoir traiter des patients malgré les difficultés. Fier de pouvoir former des jeunes urgentistes mais aussi des jeunes médecins d’autres spécialités. Je suis fier du travail d’équipe avec nos collègues paramédicaux et administratifs. Fier d’accueillir aussi des médecins étrangers venus se former et nous aider. Fier finalement de faire respecter les urgentistes au sein de l’institution.

Nous devons nous adapter, nous moderniser. Nous moderniser en nous ouvrant et en permettant ces collègues paramédicaux de prendre toute leur place, en autonomie, dans nos services, intra mais aussi extra hospitalier. C’est le sens de l’histoire. Nous ne pouvons refuser institutionnellement ce que nous appelons de nos vœux pour ces collègues que nous connaissions personnellement.

Nous devons moderniser nos prises en charges aussi bien en régulation, en intervention et à l’hôpital. Nous mettons des années à nous mettre d’accord sur des outils alors que sur le terrain nos décisions sont prises en quelques secondes ?

Nous devons adapter notre temps de travail mais aussi améliorer ces conditions intenables. Cela doit passer par une action positive auprès des tutelles sur la construction et le fonctionnement des services.

Nous devons lutter pour donner leur place à nos jeunes médecins en termes de salaires et d’opportunités  mais aussi à nos médecins étrangers qui doivent accéder plus rapidement aux fonctions qu’ils méritent.

Je me présente pour que la médecine d’urgence s’adapte. Pour que nos voix soient entendues. Que les décisions se fassent avec nous, représentants élus de médecine d’urgence. Et surtout qu’on ne se cache plus derrière le slogan vide « une seule profession » mais que ce soit une réalité. 

Et évidemment

 


mercredi 18 août 2021

Doit-on tout changer pour que rien ne change?

 Ah cher blog que j’avais délaissé pour les merveilles de Twitter et des médias. Non Lecteur, je ne viens pas encore de me faire virer des réseaux sociaux et les télés n’ont pas encore renoncé à m’inviter. Mais toutes les conneries ne tiennent pas en un thread ou une phrase et parler de l’avenir de l’hôpital mérite un peu plus (pas beaucoup, c’est un blog, pas une thèse non plus).

Depuis la fin de la première vague du COVID, c’est à qui écrira sa tribune dans un quotidien prestigieux, qui se fendra d’une lettre ouverte voire déposera un projet de loi. A chaque fois grosso modo les mêmes propositions ; rendre l’hôpital attractif en payant mieux les gens, en finir avec la T2A qui serait responsable de tous nos maux (pour l’urgentiste que je suis, c’est peut-être un moyen débile, mais c’est à partir de sa mise en place que j’ai pu avoir des lits !) et évidemment augmenter le nombre de personnels et le nombre de lits sans jamais poser la question de où et combien. Ah si mention spéciale à un projet qui propose que ce soit l’HAS (haute autorité de santé) de fixer le nombre de personnels nécessaires par patient mais qui dans la même phrase explique que les personnels de certains hôpitaux à activité spécifique pourront eux demander des dérogations à l’HAS. On se demande ce que sont ces hôpitaux à activité spécifique. On ne se le demande pas longtemps car ces mouvements ont été créés à l’origine par des syndicats d’hôpitaux universitaires et des professeurs de médecines de ces mêmes hôpitaux dont les moyens dépassent déjà largement ceux des hôpitaux publics ordinaires. Alors évidemment que ces mesures semblent du bon sens malgré tout, et qui ne pourrait pas y souscrire ? D’autant plus qu’on y saupoudre du représentant des patients comma alibi démocratique ( patient chronique en général qu’on n’aura aucun mal à convaincre du besoin …dans la spécialité où il est traité).

Ben moi. Alors entends moi bien chez lecteur qui va aller d’emblée me dénoncer sur les réseaux sociaux comme un macronard capitaliste (oui c’est ce que tu dis quand tu n’as rien à dire), je ne dis pas qu’elles ne sont pas bonnes, elles sont comme d’habitude un amas de demandes au Père Noel sans réflexion sur le mal lui-même.

Les propositions habituelles suffisent-elles ? 

L’hôpital s’effondre, tout le monde le répète. Mais n’est-ce pas finalement un processus comparable à celui des dinosaures qui périclitaient déjà depuis un certain temps quand la météorite est arrivée (le COVID) ? Pourquoi les personnels ne veulent plus y travailler ? Uniquement parce que c’est mal payé (c’est déjà une bonne raison) ? Ou parce que le management y est déficient avec des petits et des grands chefs qui essayent tous d’en tirer du pouvoir au mépris de ceux qui sont sur le terrain ? La loi qui a créé les pôles, qu’a-t-elle créé sinon des strates intermédiaires pour contenter des médecins en mal de pouvoir ? Et encore la bureaucratie médicale est probablement largement inférieure à celle des infirmières et autres cadres soignants dont les conceptions de planning et les réunions de travail imposées par leur hiérarchie les coupent de leurs personnels. L’hôpital ce lieu de vie pour nos patients mais aussi pour nous est moche (j’ai déjà fait un post dessus) et son mauvais entretien voire les dégradations (une mention spéciale pour les autocollants syndicaux) ne donnent pas envie d’y rester.

Un besoin de formation

Les personnels paramédicaux, en dehors d’une gestion catastrophique de leur emploi du temps, sont-ils engagés à se former ? Aucune des tribunes n’en parle mais comment continuer à se former quand on est mal payé et que faire des heures supplémentaires est le seul moyen d’y remédier. Quand les formations sont annulées ? Quand ils faut les payer soi même et qu’elles ne sont pas reconnues dans le salaire. J’ai été rapporteur d’une thèse de science d’un médecin à l’étranger qui était dirigée par une infirmière ! Est-ce possible en France ? On a bien vu les carences dans la culture scientifique des soignants lors de la campagne de vaccination. Cette carence est-elle entretenue sciemment ? La diabolisation du « pouvoir » médical à l’hôpital a eu un impact sur l’enseignement, c’est certain.

L’hospitalocentrisme

Et y a-t-il eu une réflexion sur l’hospitalocentrisme ?Est-ce que tous nos patients programmés doivent avoir une hospitalisation qui requiert le plateau technique de l’hôpital ou celles- ci ne sont faites que pour faciliter la vie de certains médecins ? Ou pour des raisons moins avouables encore. Cœur sur toi PUPH d’une spécialité que j’avais évoquée pour illustrer justement ce cas et qui m’avait écrit que je n’y connaissais rien (comme d’habitude, les urgentistes sont des nuls sauf quand les autres dorment) et que c’était pas faisable en ville. Parce que les gens n’avaient pas le niveau !

Au-delà de ces exemples, il faut probablement réinventer le parcours de soins des patients autour de leurs besoins et de ce qui est faisable. SI l’ambulatoire est pensé comme un moyen de faire des économies, il peut aussi être un moyen de faciliter la vie du patient, encore faut-il que ce soit bien fait (ma capacité à tomber de moto m’a montré à 20 ans de distance qu’un fracture en ambulatoire était beaucoup mieux tolérée en post opératoire). 

Retrouver des valeurs

Tout ça et d’autres choses conduisent à un système médiocre avec de la médecine moyenne dans une organisation déficiente. Il faut retrouver nos valeurs de l’hôpital public. Alors évidemment accueillir tout le monde (et encore une fois, j’admire l’hypocrisie de certains révolutionnaires à consultations privées parce qu’ils le valent bien) et s’en donner les moyens. Mais aussi rétablir l’excellence comma valeur au service des patients et du personnel en permettant la formation mais aussi en contrôlant les connaissances au sein d’établissements accueillants





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