samedi 31 octobre 2009

Les urgences : un changement de réferentiel

Chaque année ou à chaque nouvelle épidémie, le marronnier de l'encombrement aux urgences redonne toujours les mêmes fruits. "Bobologie" qui viendrait pour rien, vieux (ne soyons pas trop politiquement corrects et restons près du terrain) que leur famille déposerait ou qui seraient isolés, médecins généralistes qui ne feraient pas leur travail, médecins hospitaliers qui ne voudraient pas des patients des urgences, manque de personnel aux urgences et d'autres qui ne me viennent pas tout de suite à l'esprit sont les explications habituellement avancées soit parce qu'elles servent des intérêts corporatistes ou sociétaux soit par ignorance.
L'activité des urgences a fortement augmenté depuis une bonne dizaine d'années, le rapport de la Cour des Comptes note que le nombre de passage aux urgences a doublé en 15 ans (1990 à 2005), pour atteindre 14 millions en 2004, avec 75 % des patients qui ne sont pas hospitalisés. On peut légitimement se demander ce qui se passe pour ces gens qui viennent aux urgences et qui y attendent beaucoup et quelles sont les mesures pour expliquer voir remedier à cette surcharge. On peut également s'interroger sur l'évolution de la médecine qui ne peut pas être complètement déconnectée de notre vie quotidienne, c'est le paradoxe du téléphone.
Il y a 25 ans, celui qui voulait être raccordé au téléphone se rendait aux PTT, remplissait tout un tas de formulaires, et recevait la visite du technicien quelques mois plus tard. Aujourd'hui, chacun peut aller à la boutique du coin de la rue (ou sur internet) et repartir avec un smartphone dans la poche qui non seulement lui permettra de téléphoner et d'être joignable partout, mais également d'avoir internet qui n'existait pas à l'époque. En médecine générale, qui constitue la plus grande partie de l'activité des urgences (en y incluant la petite traumatologie, les entorses par exemple), on va chez le médecin avec un rendez vous ou alors on attend dans une salle d'attente bondée, si on a des examens complémentaires à faire il faudra prendre également rendez vous puis retourner voir son médecin quelques jours plus tard pour les résultats. Et ça n'a pas beaucoup changé en 25 ans.
Les urgences, même si elles n'ont pas été créées pour ça répondent à ce besoin et malgré tout à un gain de temps du tout tout de suite et sur place. Peut-on revenir en arrière ? Ou doit on integrer le changement ?

3 commentaires:

  1. J'appelle cela la médecine au Supermarché. :)
    Dans les faits, cela nous force à faire de la médecine en char d'assaut. TDM abdo ;) +bio :( à toute douleur de ce nom (fausse assurance, comme la TDM sur TC un peu trop rapide...) vu que l'on ne sais plus attendre 24 h que ça mûrisse....ou non!
    Comme nous n'avons pas de mémoire et aucune connaissance au long cours du patient, parfois, rebelote 6 mois plus tard! :))
    De toutes façon, cela n'a plus d'importance, la crise (la vraie, celle qui fait que les recettes de l'état ne couvre que 60% des dépenses) va nettoyer la place. :o

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  2. Personnellement, je ne vois pas le rapport entre l'augmentation de l'activité des urgences (que je ne fais que constater) et une médecine de supermarché plus mauvaise. La médecine c'est toujours et d'abord examiner son patient. Je ne crois pas que les urgentistes examinent moins les patients que les autres généralistes. Rien n'interdit de prescrire des examens qui ne seront pas réalisés tout de suite , même si le patient vient pour ça. Je pense qu'effectivement le suivi du malade doit être fait pas son généraliste mais dans des urgences informatisées on a au moins les passages précédents. Pour terminer, je remercie les trop rares personnes qui laissent des commentaires de le faire en leur nom, comme je signe ce blog non anonymement.

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