mardi 26 novembre 2019

Faut-il vraiment augmenter les personnels hospitaliers?

Alors lecteur, tu te dis qu'après autant de temps sans avoir publié, je sais plus quoi raconter et du coup je raconte n'importe quoi. Alors d'abord, ça fait longtemps que je raconte n'importe quoi et ensuite, je ne suis pas tout seul, j'en connais qui font ça à la télé toute la journée et même des urgentistes (et non je ne te dirais pas qui).
Il faut se rassurer, je ne vais pas me lancer dans une explication économique parce que je ne comprends rien à l'économie de la santé, comme tout le monde d'ailleurs. Et je ne suis pas devenu non plus un employé de la branche assurantielle du MEDEF et des vilains lobbys qui veulent la mort du service public pour installer une médecine à 12 vitesses, comme mon vélo (les vitesses, pas la médecine). Je ne suis pas envoyé non plus par le gouvernement pour vous expliquer que bon il ne faut pas ruiner la France qui ne va pas si bien que ça. Et même si c'est peu probable, ce ne sont pas non plus les syndicats qui me demandent d'être provocateur afin de pouvoir enfin remonter leur nombre d'adhérents. 
Non c'est après une longue réflexion et une observation de la société que je suis arrivé à cette conclusion et, cher lecteur, je te sens brûler d'impatience de savoir pourquoi les personnels hospitaliers doivent être mal payés. Alors ceux qui travaillent comme moi à l'hôpital savent que nous faisons souvent l'admiration des gens qu'on rencontre (je parle du public, les soignants du privé nous prennent pour des débiles). Et souvent, ils nous disent "heureusement que vous êtes là". Alors, certes, personne ne dit que nous ne devons pas être mieux payés, mais tout le monde le pense.

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Pourquoi ? 
Parce que nous sommes venus racheter leur péchés.
Dans une société obsédée par la consommation, par l'argent, où les bullshit jobs sont légion, où les médias sont pleins de célébrités d'un jour, dans une société en quête de sens,où tout s’accélère, savoir que des gens sont là, jour et nuit, détachés des choses matérielles, tendus vers leur prochain, c'est rassurant. Ce n'est pas du soin que nous donnons c'est de l'amour et l'amour ce n'est pas payant (sauf dans certaines circonstances mais ce n'est pas le sujet de ce post).
Alors si demain on paye le personnel à la hauteur de ses attentes, je ne parle même pas du service rendu, tout cet espoir est vain. Le soignant devient un travailleur comme un autre, il devient le producteur de soin tant vanté par la technocratie sanitaire. 
Voulons-nous devenir des producteurs de soins? Non! Jamais!
Vous, moi nous voulons être adulés, aimés (que les filles se jettent sur moi, qu'elles m'admirent , qu'elles me ... pardon je m'égare). Ce serait dommage de perdre ça pour quelque deniers.



5 commentaires:

  1. 1/2

    Et donc le soin doit rester un sacerdoce ?

    Une rémunération permettant de s'assurer un meilleur confort matériel hors les murs de l'hôpital, ou même d'envisager plus sereinement un temps partiel entacherai la souffrance que vous semblez penser inévitable, voire nécessaire au soin ?

    « Alors, certes, personne ne dit que nous ne devons pas être mieux payés, mais tout le monde le pense. »

    Non. Qui peut prétendre connaitre la pensée des gens ?

    Par contre les grille de rémunération des personnels hospitaliers sont publiques. (par exemple : https://www.emploi-collectivites.fr/grille-indiciaire-hospitaliere-infirmier-soins-generaux-ide/1/183.htm) bien sûr il y a également des primes et ainsi de suite.

    Il n’en reste pas moins que d’après la DRESS (portrait des professionnels de santé (2016) : https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/etudes-et-statistiques/publications/panoramas-de-la-drees/article/portrait-des-professionnels-de-sante-edition-2016) le salaire des infirmiers hospitaliers est inferieur au salaire moyen français, et encore, on ne distingue pas les IADE IBODE IDE et début/fins de carrière.

    Les faits étant ce qu’ils sont, je crois raisonnable d’envisager qu’au moins une partie de la population peut arriver à la conclusion qu’un effort serait souhaitable de ce côté.

    « Parce que nous sommes venus racheter leur péché. »

    Je dois avouer que je suis un peu interloqué, sur le sens de cette phrase.

    Si elle représente le point de vue du patient, nous serions là pour les soulager d’une culpabilité, mais en quoi la faible rémunération des soignants améliorerai leur absolution, aurait une dimension cathartique ?
    Si elle représente le point de vue des soignants, elle leur attribue une autorité morale, voire une responsabilité vis-à-vis de la moralité du patient. Et cela pose un problème de fond, à mon sens un tout autre débat : qu’est ce qui autoriserai un soignant à qualifier un pécher ? et dans quelle mesure il lui revient de le racheter ? Et quel rapport avec les rémunérations ?

    « Ce n'est pas du soin que nous donnons c'est de l'amour. »

    C’est poétique, mais je crois que les temps sont au prosaïsme. Nous mettons au service de la santé de nos patients des compétences techniques. Avec empathie (encore une digression mais a mon sens, je crois qu’il est préférable d’aimer l’humanité dans son ensemble et d’avoir de l’empathie pour chacun de nos patients. On fait plus de bêtise par amour qu’en essayant simplement de se mettre dans les chaussures des patients).
    Et du coup, ces compétences techniques ont une valeur, et doivent avoir un prix.
    Le temps que nous passons dans les soins et activités annexes, nous le prenons sur nos passions, nos familles, notre repos. Et cela doit être rémunéré à hauteur de la pénibilité de la tache à laquelle on consacre ce temps.

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  2. 2/2

    « Voulons-nous devenir des producteurs de soins? Non! Jamais! »

    Et bien si, ou presque. Je veux produire de la santé au moyen du soin.

    Les soignants sont déjà largement managés comme des salariés de n’importe quel autre secteur économique. Il est parfaitement anormal de subir les exigences de flexibilité et de disponibilité, mais de ne pas pouvoir négocier en retour des salaires plus élevés. Sans compter que si les hôpitaux publics souhaitent recruter, désolé de rester trivial mais le levier principal reste quand même le salaire.


    « Vous, moi nous voulons être adulés, aimés. Ce serait dommage de perdre ça pour quelque deniers. »

    Encore une fois je ne sais pas dans quelle mesure cela reflète l’état d’esprit des diverses professions du soin. Mais je peux déjà vous dire qu’il y a au moins une personne qui ne pense pas cela. J’apprécie la reconnaissance occasionnelle des patients, mais ça n’est pas mon moteur, et si j’en crois différentes conversations que j’ai pu avoir, je ne suis pas le seul. Et ça n’est pas de l’amour ou de l’admiration.


    Au final ce que je pense avoir compris de votre point de vue c’est qu’une meilleure rémunération des soignants aurait un impact négatif sur la représentation sociales de ces métiers, et sur la relation avec les patients. J’en suis d’accord.

    Mais je crois que ce serait une bonne chose. Oter de l’image des professions du soin qu’elles comportent obligatoirement une dimension de sacrifice personnelle. Je voudrais croiser des gens épanouis dans les services, et si l’argent ne fait pas le bonheur, il permet un confort matériel, et la réalisation de projets, ce qui reste un moyen d’y parvenir.

    Passer d’une image de carrières ou on souffre à des carrières ou on peut se réaliser.

    Et encore, la on n’a parlé que d’argent…

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. À quel moment vous êtes vous cru obligé de répondre sérieusement? Ou alors vous êtes très fort et c’est du 3eme degre. Mais analyser des phrases aussi con que celle où on rachète leur péché? J’ai laissé passer vos commentaires parce que visiblement vous avez passé plus de temps à l’écrire que moi à écrire le post. Mais il faut vous détendre un petit peu

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  3. C'aurait pu être du Desproges mais c'est du Wargon. J'adore.

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