Ami lecteur,
enfin un nouveau texte sur ce blog parce que ces derniers temps je me suis
beaucoup éparpillé non seulement sur les réseaux sociaux et un peu les médias
mais surtout en participant à la création de lafabriquedelasante.fr, think tank
qui deviendra bientôt la réference mondiale, française,
une référence de la réforme du système de santé.
Bon quand je
dis nouveau, je triche un peu puisqu'il s'agit d'une version bloguesque d'un
texte que de toutes façons tu n'as pas lu sauf si tu es abonné à Architecture
Hospitalière. T'es abonné? Bon tu vois. l'original n'est pas tout à fait le
même mais pas tout à fait un autre et il est là mais on sait très bien
que tu n'iras pas le lire de toutes façons.
Comme je
l'ai expliqué ici souvent, les urgences sont depuis longtemps au cœur du débat
sur notre système de santé parce qu’elles servent de palliatif aux manques de
celui-ci. Il n’est pas anodin d’ailleurs que le mouvement social qui touche les
hôpitaux depuis plus d'un an soit parti de ces services qui accueillent et
prennent en charge non seulement les patients les plus graves mais finalement
tous ceux qui n’ont pas trouvé ailleurs de solution à leur problème ou supposé
problème de santé ainsi que les exclus du système se substituant parfois même
aux structures d’accueil purement sociales.
Sinite
parvulos venire ad me comme il
disait (ce blog devient de plus en plus religieux, je vais finir par mettre des images pieuses).
Contrairement
aux idées reçues, l’organisation change en permanence. Les personnels se
forment, la spécialité à part entière ne datant que de quelques années. On
discute désormais d’infirmières de pratiques avancées. On intègre directement
les assistantes sociales à nos prises en charge. Là où il y a quelques années
on séparait les flux selon les spécialités médicales, on les différencie en
fonction de la gravité.
La polyvalence s’est installée dans nos services,
nécessitant un rapprochement non seulement professionnel mais physique entre
les SMUR et les urgences (enfin pas toujours, hélas).
La
technologie s’invite aussi dans notre pratique, le matériel biomédical mais
aussi les logiciels métiers indispensables et demain l’intelligence
artificielle (ou après demain. Ou après après demain. Un jour quoi).
Bon on n'est pas encore à Roby le robot |
Et pour simplifier de nouvelles structures s’accolent ou se
différencient des urgences, maisons médicales de garde, structures de soins non
programmés à coté ou dans nos locaux, voire à leur place. Toutefois nous avons
du mal à garder nos personnels, des salaires trop bas évidemment mais aussi et
surtout les horaires difficiles et les conditions de travail découragent les
plus passionnés.
Et les
locaux ne sont pas neutres. J’ai l’habitude de dire que les urgentistes sont
les médecins de la cave.
Pour des raisons de proximité avec les
plateaux techniques, d’accès sur l’extérieur, les urgences sont le plus souvent
situées au rez-de-chaussée ou au sous-sol, dans un environnement ou la lumière
du jour arrive avec difficulté. Nos locaux sont le plus fréquemment trop petits
et ont été pensés pour des volumes bien en deçà de notre activité quotidienne.
Ils se sont souvent étendus au fur et à mesure des années par des bricolages
successifs, prenant peu à peu les espaces administratifs et de détente des
personnels eux-mêmes toujours plus nombreux. L’exiguïté, le manque d’investissement
et d’entretien font souvent que nous travaillons dans des locaux salis,
dégradés, mal entretenus et de plus en plus inadaptés.
Welcome to the Emergency Department! |
Je suis souvent frappé lorsque je visite
ne serait-ce que des immeubles de bureau, de la place faite à l’espace, la
lumière mais souvent l’ingéniosité qui é été mise pour utiliser les espaces,
sans parler des matériaux et de la décoration. Ben les urgences c’est pas ça.
Réaliser un nouveau service d’urgence et
de SMUR c’est être soumis à beaucoup de contraintes, financières évidemment,
techniques, réglementaires, architecturales, d’intégration dans l’hôpital et
surtout celles posées par des professionnels hospitaliers qui ne seront
peut-être plus là quand on utilisera ces locaux qui pour les urgences
s’avèreront souvent inadaptés dès leur ouverture.
Le risque le plus grand est le manque
d’ambition et d’imagination.
Le risque est de se conformer aux
demandes des hospitaliers sans apporter sa propre expertise. Non je n’ai pas
besoin que le cabinet m’explique comment organiser mes flux. Je le sais mieux
que lui et de toute façon cette organisation sera obsolète dans quelques
années, remplacée par une autre.
J’ai besoin que le cabinet m’aide à
faire mieux vivre mes équipes, prendre en charge mes patients, trouver de
l’espace pour des activités nouvelles, pour le travail hors du flux médical et
paramédical, et surtout faire que la qualité de vie au travail ne soit pas
qu’un slogan.
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