mardi 3 avril 2018

Un chef c'est fait pour cheffer

Cher lecteur, si tu lis ce blog régulièrement (ce dont je te félicite) tu as bien compris que les problèmes des urgences étaient dus aux dysfonctionnement de l'amont des urgences mais surtout de l'aval. Je ne te ferais pas l'injure de te rappeler le lourd passif que cela entraîne en terme de mortalité (mais si tu as oublié c'est ).
Toutefois, même si c'est dur à avouer , une partie de la faute nous incombe, à nous urgentistes. Les urgences au delà d'un certain nombre de passage deviennent de grosses machines difficiles à organiser avec un personnel nombreux. Dans ces cas là, la question du management devient un problème crucial. Ce management à 360° ( et non ce n'est pas cochon) concerne à la fois la gestion du personnel, les médecins bien sûr mais également le reste du personnel qui ne dépend pas directement de la hiérarchie médicale comme les paramédicaux, les personnels administratifs, les secrétaires, les ASH (femmes de ménage). Alors 360° ça veut dire en management l'ensemble des interlocuteurs et donc le management des autres services qui participent à la prise en charge (dits ancillaires, essentiellement les labos et la radio), de l'hospitalisation, de la direction, et de tous nos interlocuteurs.
Il faut pouvoir transmettre les besoins des urgences, négocier et se faire respecter (mais là c'est vraiment super rare). L'organisation et le bon fonctionnement du service sont très dépendants de sa gouvernance et il arrive qu'une chefferie faible ne permette pas un fonctionnement correct.
Or dans la psyché du médecin (et l'urgentiste malgré ce que certains peuvent dire reste un médecin), un manager c'est ça.
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Du coup, on a du mal à s'identifier.
Pour un médecin (chef de service y compris), notre rôle c'est de soigner. Et un mec (ou une fille) qui va voir la direction, qui écrit des protocoles, qui fait de l'organisation, qui fait des réunions, qui va voir la police, les pompiers, l'ARS, qui répond aux plaintes etc etc, c'est plus un médecin, c'est quelqu'un qui fait rien (et qui parfois est vendu à la direction).
Par ailleurs, la désignation des chefs de service n’obéit pas toujours à des impératifs organisationnels et même si de plus en plus de responsables ont des formations, cela ne conduit pas toujours à des réussites.
La pression interne (surtout quand l'effectif n'est pas au complet comme dans la plupart des urgences françaises) et externe est très importante dans un service qui ne s'arrête jamais et où le risque d'être appelé pour un problème n'importe quand n'est pas nul (je l'avais raconté). L'impression qu'il n'est pas possible de réussir entraine de grandes frustrations et souvent une angoisse importante. Cela a conduit souvent à des démissions et pas forcément de gens incompétents.
C'est pourquoi, la question du management des urgences ne doit pas être niée et l’émergence de chefs favorisée. Il est d'ailleurs étonnant que seuls les médecins sont capables de tout faire à 100%, de la clinique, du management et parfois de la recherche quand partout ailleurs (direction, cadres mais entreprises aussi) ce type de poste est exclusif.
Sur ce, je retourne rien faire dans mon bureau. Mais avant je vous mets une video avec des chefs.



Et oui j'ai cité Chirac...


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